Nikita Harwich - Reflets d'un modele importé: construction des identités nationales en Amérique Latine


Nous ne sommes pas des Européens, nous ne sommes pas des Indiens, mais une espèce intermédiaire entre les Aborigènes et les Espagnols.[1] C'est par cette affirmation, demeurée célèbre, de son  Discours d'Angostura  que Simon Bolivar posait en 1819 les termes du débat identitaire d'une Amérique espagnole sur le point d'acquérir son indépendance politique. Une indépendance ne pouvant être perçue que comme étant l'aboutissement logique d'une revendication collective. Mais le Libertador ajoutait ensuite, non sans lucidité :

 Américains par la naissance et Européens par les droits, nous nous trouvons dans le conflit d'avoir à disputer aux naturels les titres de possession et de nous maintenir dans le pays qui nous a vu naître contre l'opposition des envahisseurs ; notre cas est ainsi des plus extraordinaires et des plus complexes.[2] 

 

Des plus ambigus aussi, car il s'agissait bien, de conclure une lutte menée au nom d'une collectivité nationale ou supposée telle. Il fallait que les Vénézuéliens, les Péruviens ou les Mexicains se reconnaissent et soient clairement perçus de l'extérieur comme étant les membres de familles unies entre elles pour une cause tout à la fois commune et légitime.

Pourtant, cette cause, celle de l'indépendance et, par là même, celle de nations en devenir serait essentiellement conçue par un patriciat, soucieux de ses prérogatives, mais bientôt prisonnier d'une rhétorique institutionnelle de modernité s'articulant autour de trois axes : la République en tant que seul régime offrant une authentique légitimité nationale, l'égalité -théorique- des citoyens reconnus comme tels devant la loi, le progrès comme but nécessaire de tout  bon gouvernement.  Projet d'élite, la République, tout en se proclamant  populaire , n'en demeurait pas moins oligarchique dans son essence ; ce qui, d'emblée, conditionnait l'égalité citoyenne de par le maintien et même le renforcement des structures patriarcales d'une société d'Ancien Régime. Seul le  progrès , conçu en termes d'une transformation matérielle à venir, permettrait alors de résoudre ces contradictions dont l'évidence n'échappait à personne, mais qu'il était facile d'imputer aux carences issues de trois siècles de joug colonial.

L'on a souvent affirmé qu'en Amérique latine, contrairement au cas européen, l'État a précédé la construction de la Nation. D'où le caractère souvent artificiel d'identités nationales que ne différentiaient a priori ni la langue, ni la religion, ni les mœurs. D'où, aussi, le contraste entre un modèle de nationalités prétendument  satisfaites  et celui de nationalités potentiellement  frustrées [3]. Pourtant, les travaux de Gellner, Anderson ou Hobsbawn[4], pour ne mentionner que ceux-là, ont clairement démontré que ce sont surtout les idées reçues en termes de références identitaires qui ont la vie dure ; que la plupart des communautés, sinon toutes, ont été, en grande partie, imaginées et que les traditions les plus ancrées peuvent être le fruit délibéré d'une invention. Il serait parfois bon que les peuples concernés en aient davantage conscience!

Pour l'Amérique latine, la question, cependant, ne se posait pas en ces termes. L'indépendance politique, née de la crise institutionnelle péninsulaire, était un fait acquis. Il fallait donc lui trouver une justification permettant de conférer une indispensable cohérence aux nouvelles communautés  nationales . Le modèle d'État-Nation, revu et corrigé par l'Europe des Lumières, demeurait la référence de base. Mais il convenait d'aller plus loin. L'Amérique se devait d'être une terre d'utopie. La grande  controverse du Nouveau Monde , dont l'ouvrage classique d'Antonello Gerbi a montré l'ampleur[5], posait un défi que les élites américaines se sentaient en droit de relever : face à une Europe qui ne parvenait pas à se défaire d'une tradition monarchique, l'Amérique serait -malgré l'exception de taille de Brésil et la permanence coloniale au Canada, en Amérique Centrale, dans les Antilles et dans les Guyanes- le creuset de la République Universelle du futur.

Pour le moment, il s'agissait, plus modestement, d'organiser les pouvoirs publics, de mettre en place des administrations, de créer une nouvelle légitimité institutionnelle au quotidien. La tâche n'était pas des plus faciles, car le manque de moyens était flagrant face à un immense espace et à un véritable désert démographique[6]. Un exemple significatif : en 1841, le budget de l'ensemble du personnel administratif du Venezuela, tous pouvoirs confondus et en comptant aussi bien les forces armées que les fonctionnaires des douanes et des postes concernait un total qui n'atteignait pas 4.000 personnes.[7]! Et cela pour une population d'un peu plus d'un million d'habitants répartis sur une superficie de plus d'un million de kilomètres carrés !

Comment, dans de telles conditions, maintenir un semblant de cohésion et éviter de sombrer dans le chaos ? Ce qu'il faut bien qualifier d'inertie sociale y a sans doute beaucoup contribué : une population clairsemée, le maintien de l'esclavage et le renforcement des mesures tendant à limiter tout mouvement de la population rurale. La politique et, plus encore, le politique pouvaient rester l'apanage d'une oligarchie de notables. Mais cette oligarchie avait résolu de choisir le discours de la modernité et la formulation d'une nouvelle identité nationale. Les moyens utilisés pour mettre en place ce discours et pour construire cette identité allaient prendre comme base de référence les structures d'un  modèle  dont les symboles et, surtout, dont l'imaginaire provenaient d'outre-Atlantique. Tout en revendiquant leur statut d'américanité, les élites intellectuelles du Nouveau Monde se targuaient également de leurs origines européennes, celles d'une civilisation présumée supérieure dont le progrès matériel et la rationalité spirituelle garantissaient le bien-fondé.

Mais il fallait pour cela  éduquer le peuple  au nom duquel s'érigeaient les nouvelles institutions. L'éduquer pour qu'il puisse échapper à un milieu perçu comme étant hostile et potentiellement négatif, car incitant les hommes à retourner à un état  naturel  assimilé à un état de barbarie. Le message du Facundo de l'Argentin Domingo Faustino Sarmiento (1845) était clair : c'est de la ville que vient la lumière de la civilisation et du bon gouvernement. L'homme américain devra donc littéralement  s'urbaniser .

Le premier élément de ce civisme identitaire inculqué sera, paradoxalement, celui d'une valeur culturelle commune à l'ensemble des nouvelles nations : la langue. Le castillan ou le portugais étaient, certes, des acquis de la colonisation et n'avaient pas à être particulièrement revendiqués. Il n'était non seulement pas question de prôner un retour aux langues indigènes, même dans les territoires où elles étaient parlées par la majorité des populations, mais la pureté lexicale et la correction d'une syntaxe grammaticale pouvaient maintenant aller de pair avec l'affirmation d'une différence par rapport à la péninsule ibérique. Une différence qui deviendrait aussi l'affirmation d'une supériorité : la langue de Cervantes, ou de Camoens, ne se serait vraiment fixée qu'en Amérique où sa pureté aurait été préservée des apports extérieurs, particulièrement des gallicismes de mauvais aloi. La philologie et la grammaire devenaient ainsi les instruments d'une véritable construction nationale, voire même, selon l'expression de Malcolm Deas appliquée au cas de la Colombie, des instruments particulièrement efficaces d'exercice du pouvoir.[8]

Au-delà de la langue, les vertus citoyennes trouveraient un autre élément consensuel qui occuperait une place beaucoup plus importante que celle qu'avaient pu occuper, au début du XIXème siècle, les Catéchismes républicains mis à la mode par les Cortès de Cadix : celui des manuels d'urbanité et de bonnes manières. Le plus célèbre d'entre eux a sans doute été celui écrit par le Vénézuélien Manuel Antonio Carreño. Publié pour la première fois en 1854 et constamment réédité depuis jusqu'à aujourd'hui, son Manual de urbanidad y buenas maneras reste l'un des best sellers absolus de l'édition latino-américaine. Les cours  d'urbanit頝 ont longtemps fait partie du programme obligatoire des écoles primaires, tant publiques que privées du XIXème et même du XXème siècle latino-américain et ont en fait le plus souvent tenu lieu de cours d'instruction civique. Plutôt que tenter l'explication, souvent aléatoire en termes de compréhension, de concepts comme ceux de  démocratie , de  vertu civique , il était tellement plus simple de codifier par les règles plus facilement assimilables du savoir-vivre  chaque fragment, chaque interstice de l'espace privé et public.[9] L'intention finale était claire, car :

 comme nos habitudes en société ne seront point autres que celles que nous aurons contractées au sein de la vie domestique, qui est le théâtre de tous nos essais, il sera impossible que nous réussissions à être méthodiques et exacts, si nous ne nous gardons pas de mettre de l'ordre dans toutes nos opérations dans notre propre maison.[10] 

 

En d'autres termes, l'on ne pouvait exercer la fonction de bon citoyen dans la sphère publique si l'on n'était pas capable de se comporter correctement dans le cadre du privé. En l'absence, qui ne commencera à être palliée que dans le dernier tiers du XIXème siècle, de codes de lois qui lui fussent propres, l'Amérique latine cherchera dans les manuels de bonnes manières, calqués sur les coutumes d'une aristocratie de la fin de la période coloniale, à codifier les règles de fonctionnement de ses sociétés.

Enfin, un troisième élément identitaire consisterait à élaborer et, surtout, à divulguer le  riche legs de souvenirs , l'  héritage de gloire et de regrets à partager  qui, selon le texte classique d'Ernest Renan, contribue de manière essentielle à définir la base spirituelle d'une nation[11]. L'histoire, une nouvelle  histoire nationale , devenait ainsi un enjeu de tout premier plan. Mais, tout comme dans l'Europe du XIXème siècle, l'histoire ainsi conçue ne se contenterait pas seulement d'informer, mais de  former  le citoyen :

  Les véritables républicains doivent tirer les leçons [nous soulignons] de l'histoire, parce que c'est seulement s'ils sont éclairés et vertueux qu'ils pourront être de véritables patriotes, s'efforçant d'atteindre le prestige et la souveraineté des institutions démocratiques, en vue de réaliser le bel idéal de liberté, la très noble aspiration de nos remarquables libérateurs.[12] 

 

proclamait un manuel scolaire vénézuélien de 1858.  Que figurent les événements célèbres de l'histoire sacrée et profane, ancienne et moderne, et tout spécialement américaine, qui soient dûment accordés au système républicain  proposait en 1829 le projet de loi sur l'éducation de l'État mexicain du Nuevo León, pour conclure, en affirmant :  La morale doit présider de toutes parts. [13] Histoire, illustration, vertu : sainte trinité d'une morale civique inculquée, en priorité, sur les bancs des salles de classe.

Pourtant, c'est seulement vers la fin de la seconde moitié du XIXème siècle que l'enseignement obligatoire de l'histoire nationale se généralise au niveau des établissements scolaires, complétant dès lors une formation qui se limitait jusque là à reprendre, dans une version abrégée, les textes de manuels d'histoire universelle -français pour la plupart[14]. Paradoxalement aussi, malgré le souci des historiens latino-américains du XIXème siècle, d'édifier un corpus fondé sur une recherche documentaire scrupuleuse et sur une interprétation méthodologique souvent remarquable, la version qui sera retenue à des fins pédagogiques sera une version tronquée éliminant toute possibilité d'équivoque. En ritualisant, grâce à la méthode pédagogique du catéchisme -adoptée dans quasiment toutes les salles de classe- le récit pouvait alors acquérir la forme canonique d'un imaginaire collectif où chaque épisode contribuait à mettre en valeur une sentence morale ou une maxime de conduite[15].

Une série de postulats implicites servait de point de départ : les sociétés hispano-américaines du moment -c'est à dire de la seconde moitié su XIXème siècle- étaient, à l'instar de la manière dont leurs homologues européennes étaient perçues, des sociétés homogènes qui formaient une seule et même communauté, unie par son passé et dont la récente lutte pour obtenir l'indépendance n'a fait que refléter ce degré d'union et pouvait assurer une marche, harmonieuse et inaltérable, vers un avenir prometteur et, nécessairement, radieux.

La complexité des problèmes surgis, la plupart d'entre eux, de cette même indépendance ne trouvait aucune expression dans les textes dont les limites chronologiques, en général, ne dépassaient pas le seuil de la vie républicaine, une fois conclues les vicissitudes de la lutte armée. Ce qui était, à la rigueur, compréhensible en 1850 l'était déjà moins trente ou quarante ans plus tard. Mais la phrase péremptoire, énoncée en 1852 par le pédagogue mexicain Epitacio de los Ríos, gardait encore toute sa vigueur :  l'étude de la minutieuse histoire de ces époques [les plus contemporaines] n'est pas faite pour les enfants.[16] 

En même temps, les abus de la méthode du catéchisme transformaient généralement le récit en une séquence de concepts dénués de sens, voire franchement absurdes. Les exemples abondent d'un manuel à l'autre et d'un pays à l'autre[17]. Et même si tous les manuels n'atteignaient pas le même degré d'absurdité, l'esprit qui guidait l'élaboration de ces textes pédagogiques demeurait, selon l'expression du Mexicain Justo Sierra, celui de fomenter une  religion civique qui unit et qui unifie, destinée non pas à remplacer les autres [...] mais à en créer une dans l'âme sociale.[18]

Cette  religion civique  érigeait son propre Panthéon dédié à un culte dans lequel les grandes figures du passé pouvaient acquérir la dimension de héros indiscutés, de pères tutélaires d'une  communauté imaginée , pour reprendre l'expression de Benedict Anderson. L'histoire nationale se réduisait à une série d'événements-clé : découverte, conquête, indépendance. L'Histoire avec un grand  H  pouvait ainsi acquérir la dimension d'une certitude absolue. Pour un célèbre manuel vénézuélien, Christophe Colomb,  inspiré par le ciel , avait été  choisi par la Providence pour le bien-être et la gloire du genre humain.[19]  En revanche, la domination de l'Espagne était rejetée sans vacillation :

 Q[uestion] : Le gouvernement colonial était-il bon ?

R[éponse] : Non, et il était la cause que le pays fût dépeuplé, qu'il n'y eût pas de voies de communication, que le peuple fût ignorant et divisé en classes.[20] 

 

L'indépendance devenait alors la genèse d'une épopée qui mettait en scène des personnages clairement différenciés : d'un côté les héros ; de l'autre, les méchants. Les méchants, étant, bien entendu, les Espagnols,  lâches ,  sanguinaires  ou  assassins . Le contraste était sans appel :

 Q : Comment devons-nous alors juger la lutte de notre indépendance 

R : Comme la lutte titanesque qui émule et dépasse les plus héroïques rapportées dans les annales des peuples.[21] 

 

Auxiliaire privilégié d'une consolidation effective ou, plutôt,  affective  du patriotisme, l'histoire enseignée à l'école consacrait un processus d'assimilation politique et culturel autour d'un imaginaire dont l'acceptation allait bientôt devenir générale. Quelques voix dissidentes pouvaient dénoncer le caractère ouvertement mythologique de cet univers culturel, mais le débat qui s'ensuivrait demeurerait relégué aux niveaux supérieurs de ré-interprétation et d'analyse des processus historiques nationaux et ne se reflèterait pas dans les textes scolaires. Une brèche grandissante pouvait alors s'ouvrir entre l'histoire en tant que matière à réflexion critique et une tradition historiographique qui hériterait de critères et de stéréotypes fixés dans le temps et répétés, de génération en génération, à la manière d'un Credo. L 'histoire officielle devenait ainsi la seule à être véritablement patriotique et donc acceptable.

Mais acceptable pour qui ? En termes des populations de chacun des pays concernés, les taux de scolarité, tout au long du XIXème siècle, demeuraient infimes. Si l'on ajoute à cela le fait que l'enseignement de l'histoire nationale ne s'est systématisé que fort tardivement, l'on peut alors affirmer que sa connaissance formelle n'a pu se diffuser, en termes quantitatifs, qu'entre une couche extrêmement limitée des nouvelles générations du XIXème siècle, même parmi celles qui allaient à l'école. Comment ont donc pu alors se diffuser les postulats d'un imaginaire dont la vocation, précisément, était d'être un imaginaire collectif ?

La réponse à cette question conduit à considérer la fonction pédagogique inhérente aux manifestations populaires d'action civique. Les inaugurations de statues ou de monuments publics, les célébrations commémoratives de telle ou telle date, les enterrements de telle ou telle personnalité, en plus de donner lieu à un cérémonial élaboré, se chargeraient aussi de transmettre un message historique qui répétait fidèlement la leçon que quelques uns seulement avaient appris en classe.

Le discours, le discurso de orden, devenait la pièce maîtresse de ces innombrables Apothéoses ou Couronnes funèbres. Son objet était celui d'édifier, de fixer des images avec l'autorité que pouvaient lui conférer les dons d'orateur chargé de le prononcer. Là encore, les exemples abondent[22]. L'exaltation de toutes ces prouesses, réelles ou supposées, avait aussi pour but de flatter un amour-propre tout à la fois local et national. Chaque région se devait d'avoir son héros et démontrer avoir aussi contribué à la formation d'une patrie commune. D'autre part, les conflits et les tensions du moment pouvaient s'atténuer face aux références répétées d'un passé idéalisé en termes d'une source inépuisable de rédemption pour les péchés du présent mais aussi en termes d'une série de modèles de référence dont on se plaira à retrouver constamment de nouvelles manifestations.

Le premier de ces modèles est celui de l'Antiquité classique, dont l'Amérique républicaine se veut l'héritière. Mais, il s'agit, bien entendu, d'une Antiquité revue et corrigée pour les besoins de la cause. L'indépendance est alors assimilée à une sorte d'âge d'or mythique où vertu et sagesse pouvaient régner en souveraines tout en adoptant le langage de l'épopée. Aux prouesses guerrières des héros homériques réincarnés dans les combats où s'illustrent les chefs  patriotes , répondent les qualités politiques des austères figures du patriciat de la Rome républicaine dont les fondateurs des républiques américaines sont les dignes descendants.

Autre objet d'émulation : la Révolution française, dont on déplorera les excès sanguinaires, mais qui permet d'assimiler les guerres d'indépendance à une revendication  populaire  en faveur de l'État-nation. Bien plus que l'effondrement de la monarchie péninsulaire à la suite de l'invasion napoléonienne ou le rôle joué par les Cortès de Cadix, c'est la prise de la Bastille qui tiendra lieu de référence en termes d'élément fondateur de la légitimité républicaine. Les guerres d'indépendance seront alors assimilées aux campagnes militaires de la révolution : une lutte contre un despotisme et une tyrannie devenues  étrangères  au nouveau projet politique. Les ennemis de la république sont, par définition, des ennemis de la  patrie [23].

Mais au-delà des discours et ses modèles de référence, la structuration de l'imaginaire national latino-américain passe également par la mise en place de lieux de mémoire, dont le monde urbain sera le cadre privilégié. Les statues, les places publiques, les obélisques symboles, comme celui de la  Plaza de Mayo  à Buenos Aires. Expression la plus évidente de la nouvelle donne politique, la capitale  nationale , dont le rôle prédominant a souvent été loin de faire unanimité, devient le symbole par excellence de la souveraineté nationale et du progrès matériel qui en découle. Ce progrès sera jugé à l'aune d'une seule et même référence : celle du Paris haussmannien , considéré comme l'aboutissement de ce que devait être la perfection en termes de communauté urbaine.

Les références comparatives avec Paris allaient bientôt devenir le lieu commun des récits de voyageurs visitant les principales villes latino-américaines : les meilleurs magasins de Santiago du Chili se trouveraient dans  des arcades ou portales, semblables à celles du Palais-Royal à Paris[24]  ;  Caracas ressemble davantage à Paris par rapport à Bogotá qui ressemble davantage à Madrid [25]. Et même dans des cas où une comparaison avec la capitale française n'allait pas vraiment de soi, il y avait toujours la possibilité de faire appel à d'autres évocations :  Quand on la voit de loin, ou d'une des collines avoisinantes, Quito ressemble à l'une de ces villes enchantées des Mille et une nuits, décrites de manière si impressionnante par l'inventive Shéhérazade. [26]

Il est certain que pour tout citadin latino-américain, une comparaison favorable de son environnement immédiat avec Paris, ou avec l'Europe en général, serait perçue comme le compliment suprême, une attitude non dénuée, parfois, d'une candeur quelque peu obsessive. Ainsi, Jenny de Tallenay, la fille du Consul-Général de France, évoque dans les souvenirs qu'elle publierait sur son séjour au Venezuela au cours des années 1870, les questions qui lui étaient souvent posées à ce propos :  Comment trouvez-vous Caracas ? Ne ressemble-t-elle pas à Paris ? Avez-vous en Europe des parcs qui soient aussi beaux que notre plaza Bolivar ?  Ce à quoi Mlle. De Tallenay se contentera d'admettre :  J'avais presque peur de les contredire.[27]

Néanmoins, le  syndrome  de Paris a effectivement trouvé ses manifestations dans les changements progressivement mis en place. La traditionnelle structure en  grille de la ville américaine demeurerait l'apanage des  vieux centres , tandis que les boulevards et les quartiers résidentiels haussmanniens deviendraient les nouvelles expressions de la croissance urbaine. Buenos Aires, dans ce sens, demeure à ce jour la tentative probablement la plus réussie de reproduire Paris à l'échelle latino-américaine. Mais cet idéal  civilisateur  allait aussi devenir un thème de controverse dans la mesure où la ville, en elle-même et tout comme en Europe, n'était pas nécessairement source de progrès matériel ou social. L'Argentin Juan Bautista Alberdi, parmi d'autres, faisait remarquer que les centres urbains n'étaient pas les sources du développement national, mais plutôt les centres parasitaires d'un pouvoir bureaucratique, enclin à promouvoir une image illusoire, ou du moins limitée, du progrès ; ce que l'on a parfois appelé un  progrès de façade [28]. Comme l'observait Laureano Vallenilla Lanz dans le cas du Venezuela :  Nous avons eu des théâtres et des palais avant d'avoir eu des routes, des aqueducs, des puits artésiens ou des travaux sanitaires et nous prétendons couvrir notre retard traditionnel avec les simples oripeaux de la civilisation. [29]

Ce retard s'est en grande partie accentué depuis l'indépendance, malgré le souci manifeste d'intégrer la notion de progrès dans le projet oligarchique de construction nationale, car pour l'Amérique latine, le moteur essentiel de la croissance économique reste lié à l'exportation de matières premières, agricoles ou minières : une tradition héritée de la colonie, mais qui permet aussi une expansion face à la demande, elle aussi croissante, de la part de l'Europe et des Etats-Unis. Ce n'est qu'à partir du dernier tiers du XIXème siècle que l'on pourra parler d'une première tentative globale d'industrialisation. La relative stabilisation des États et des régimes politiques, permettant une reprise soutenue des investissements étrangers y est pour beaucoup. Mais il convient de rappeler que tout effort d'industrialisation se heurte encore à un certain nombre d'obstacles difficiles à surmonter

Le premier de ces obstacles est celui des sources d'énergie. La première Révolution Industrielle européenne et nord américaine s'était développée grâce au charbon et à l'énergie hydraulique. Or, bien que riche en minerais de toutes sortes, l'Amérique latine manque de charbon. L'eau, certes, s'y trouve en abondance, mais les fleuves s'avèrent difficiles à maîtriser et ce n'est qu'au cours des dernières décennies du XIXème siècle qu'apparaissent les premières centrales hydroélectriques.

Le deuxième obstacle est celui de l'insuffisance de marchés de consommation. Une population clairsemée dont l'immense majorité vit en économie de subsistance ou de semi-subsistance, des villes souvent à peine plus importantes que de grosses bourgades, un monde rural dépourvu de circulation monétaire : autant de limites à toute tentative de production industrielle à grande échelle. Là encore, il faudra attendre le développement du processus d'urbanisation qui ne commencera à porter ses fruits qu'à l'extrême fin du siècle, avec l'apparition de véritables métropoles comme Buenos Aires, São Paulo ou Mexico.

Troisième obstacle, celui du transport et du manque de voies de communication. La mise en place, grâce essentiellement aux capitaux étrangers, du réseau de chemins de fer, entre 1870 et 1914, corrige en partie le tableau, mais les 83.000 km de voies ferrées s'avèrent insuffisants, ne représentant, pour l'ensemble du sous-continent, qu'une moyenne de 1,4 km pour 1.000 habitants, contre 6,9 km pour 1.000 habitants en Australie, 6,5 km pour 1.000 habitants au Canada ou 4,3 km pour 1.000 habitants en Nouvelle Zélande[30]. D'autant plus qu'un tel réseau se trouve concentré, à plus de 80%, dans trois pays seulement : l'Argentine, le Brésil et le Mexique.

Quatrième obstacle : le manque de financement. A de rares exceptions près, les oligarchies latino-américaines, liées au secteur de l'exportation, rechignent à investir à long terme. Ce manque d'esprit d'entreprise sera en partie pallié par l'arrivée d'immigrants, plus disposés à risquer leurs capitaux. Il n'est donc pas étonnant que ces immigrants, espagnols et surtout italiens, aient joué un rôle de tout premier plan dans l'étape de démarrage de l'industrialisation latino-américaine.

En dépit de ces obstacles, l'Amérique latine, entre 1870 et 1914, connaît une première étape de développement industriel, bien qu'une partie de ce développement ne soit qu'un corollaire de l'économie d'exportation. Les centrales sucrières de Cuba ou du Brésil sont devenues de véritables usines, à haute teneur en capitaux, souvent nord américains dans le cas de Cuba, investis en biens d'équipement. Dans la province de Tucumán, en Argentine, les surfaces cultivées en canne à sucre passent d'un peu plus de 200 hectares en 1850 à plus de 100.000 en 1916. Des bâtiments industriels s'insèrent dans les exploitations agricoles, tandis que de véritables villages ouvriers s'organisent en pleine campagne[31].

Ce sont ses exportations traditionnelles de viande bovine, combinées aux technologies nouvelles importées d'Europe, qui feront de l'Argentine un des premiers pôles industriels, ou plutôt agro-industriels, d'Amérique latine. Dès 1865, une usine à capitaux européens est installée à Fray Bentos, sur le fleuve Uruguay, à une centaine de kilomètres de Buenos Aires, pour produire de l'extrait de viande, selon le procédé mis au point par le chimiste allemand Justus Liebig. L'affaire est couronnée de succès et la Liebig Extract of Meat Company (Lemco), s'impose bientôt à l'échelle mondiale, tout en donnant naissance, dans son siège de Fray Bentos, à une ville ouvrière de quelque 20.000 habitants. Après l'extrait de viande, viendra le temps de la viande réfrigérée, puis de la viande congelée. Les usines-abattoirs de traitement, situées près de Buenos Aires, en seront les symboles.

Dans un domaine différent, mais toujours en termes d'une industrialisation basée sur une ressource naturelle, il faut encore mentionner l'exploitation, à partir des années 1870, des gisements de salpêtre du désert d'Atacama, au nord du Chili, attirant plus de 250.000 habitants autour de quelque 70 implantations industrielles. La découverte d'immenses gisements de cuivre, une dizaine d'années plus tard, confirmera la vocation industrielle de la région, en particulier, celle de la ville minière de Chuquicamata et du port d'Antofagasta.

Mais c'est sans doute le Mexique du porfiriat[32] (1876-1910) qui offre le meilleur exemple d'une tentative d'industrialisation diversifiée, fomentée tout à la fois par un capitalisme autochtone et par l'investissement étranger. Ainsi, par exemple, un immigrant espagnol devenu un familier du Président Porfirio Díaz, Iñigo Noriega Laso, reprend au sein de la Compagnie Industrielle d'Atlixco, l'une des plus importantes usines textiles cotonnières des environs de Puebla. C'est à la même Compagnie d'Atlixco que l'on doit la construction de l'unité de production cotonnière de Metepec. Dès 1905, l'entreprise emploie 1.250 travailleurs, logés dans un village ouvrier édifié en même temps que l'usine.

Devenue un important carrefour ferroviaire (entre 1880 et 1905), entre le Golfe du Mexique, le haut plateau central et la frontière avec les Etats-Unis, la ville de Monterrey devient sans doute le premier véritable pôle de développement industriel d'Amérique latine. Grâce au chemin de fer, Monterrey a accès aux ressources minières (fer, charbon) du nord-est et au marché national. Avec l'aide de franchises fiscales et de capitaux, souvent étrangers mais provenant aussi d'une bourgeoisie locale dynamique, de grandes industries se créent: brasserie ( la compagnie Cuauhtemoc ,1890), sidérurgie (la compagnie La Fundidora de Fierro y Acero qui allume son haut fourneau en 1903 et produit l'année suivante les premiers rails de chemin de fer d'Amérique latine), verrerie (1899), cimenterie. La population double en vingt ans pour atteindre 88.000 habitants en 1910. En 1903, Monterrey compte 30 industries employant près de 5.000 ouvriers pour un investissement de 21 millions de pesos. Enfin, dans la région de Tampico, sur la zone côtière du Golfe du Mexique, la découverte d'importants gisements accompagne l'installation, dès 1902, des premiers champs pétrolifères[33].

Cependant, malgré des progrès indéniables, l'industrialisation en Amérique latine demeure fragile et trop tributaire de modèles importés. Ce phénomène de  mimétisme technologique  trouve sans doute son expression la plus accomplie à Paracambi, au Brésil, dans l'arrière pays de Rio de Janeiro, où, en 1871, la Brazil Industrial, S.A. édifie une usine de 150 mètres de longueur, bardée de tours en brique, avec aérations sommitales et structures internes en fonte : une coûteuse vitrine  para o inglés ver [34] qui, de plus, s'avère en grande partie inutile. Aux alentours de 1913, pour les quatre pays les plus en avance dans ce domaine, la production manufacturière non liée au secteur traditionnel d'exportation agricole ou minière ne dépasse pas 16% du produit intérieur brut (PIB)[35].

Par ailleurs, en analysant de plus près les statistiques de cette production manufacturière pour la période 1914-1920, l'on peut alors se rendre compte que trois rubriques dominent l'ensemble : la transformation de produits alimentaires, le textile et l'habillement. Il s'agit donc bien d'une production relativement peu sophistiquée et dirigée, pour l'essentiel, vers des biens de consommation courante  non durable  à faible valeur technologique ajoutée.

Il est, par conséquent, difficile de ne pas conclure au caractère somme toute modeste, voire marginal, de l'industrialisation latino-américaine à la veille de la Première Guerre Mondiale, même si les premiers pas dans ce domaine avaient été accomplis. En 1913, ne rassemblant que 7% de la population de ce qu'on aura plus tard coutume d'appeler le  tiers monde , l'Amérique latine possède 21% des broches à filer le coton installées dans ce même tiers monde[36].

A ce stade, une constatation s'impose. Que ce soit sur le plan politique, culturel ou économique, le modèle identitaire national qui prévaut en Amérique latine après les indépendances tente de reproduire les références d'un modèle identitaire à l'européenne, plus spécifiquement d'Europe occidentale, tel qu'il aura été perçu et assimilé par les élites locales pour qui l'Amérique ne peut être autre chose qu'un  extrême Occident  amélioré. Même si le contraste entre les institutions politiques et leur fonctionnement réel est perçu, voire dénoncé, nul ne songe à remettre en cause les structures identitaires d'un projet national ou les prototypes qui en découlent. Qui plus est, l'évolution des États latino-américains au cours du XIXème siècle permettra de préciser encore plus une forme de déterminisme national associé aux conflits territoriaux. Les guerres qui opposeront, à un moment donné ou un autre quasiment tous les pays du sous-continent contribueront à forger  l'union sacrée  de tous les citoyens face au péril venu de l'étranger et à perpétuer l'image  héroïque  d'un destin commun forgé dans le sang et dans les sacrifices. Enfin, l'institutionnalisation des forces armées dans le dernier quart du XIXème siècle, là encore calquée -suivant les préférences- sur le modèle prussien ou le modèle français sera alors l'expression aboutie et incontestable de la souveraineté.

Paradoxalement, même si l'État oligarchique latino-américain disparaîtra progressivement au cours du XXème siècle, face aux aspirations d'un  peuple  exclu au départ de toute participation réelle aux destinées nationales, les modèles identitaires de référence ne seront pas modifiés en substance. Le populisme, en tant qu'expression dominante du politique, tout en condamnant les valeurs trop  étrangères , parce que  trop européennes  des élites maintenant déplacées de l'exercice du pouvoir, reprendra, en l'amplifiant, le même discours consensuel, réaffirmant ainsi un nationalisme de bon aloi.

Un nationalisme que continuent à reproduire fidèlement les manuels scolaires d'histoire qui, tout en cherchant, depuis une quarantaine d'années, à privilégier la réalité amérindienne, replacent en fait l'indigène, qu'il soit Mexicain, Colombien, Péruvien ou Chilien, dans une  tradition nationale  de longue durée où tous peuvent et doivent se reconnaître. La conquête et la colonisation, données fondamentales de la nouvelle identité américaine, sont présentées d'un point de vue qui reste celui des vainqueurs. La violence du processus, tout en étant admise, demeure nuancée. En effet, la violence peut-elle, à elle seule, marquer de son sceau l'origine d'une communauté et, surtout, en garantir une stabilité exempte d'arrière pensées [37]? De même l'indépendance reste l'élément phare d'une lutte, toujours héroïque, pour affirmer une souveraineté institutionnelle ainsi qu'une mémoire collective.

Même dans le domaine du développement économique, la poursuite d'une industrialisation calquée sur les modèles des pays du vieux monde , voire des Etats-Unis, se refusera, non seulement à tenir compte de l'évolution des structures et des marchés planétaires, mais à privilégier l'action de l'État -militaire ou non- comme seul garant de la défense des intérêts d'une communauté nationale de consommateurs. La crise de la dette des années 1980 et les conséquences de la dure reconversion des économies latino-américaines vers une plus grande ouverture n'ont fait qu'aggraver les doutes quant au bien-fondé d'une construction nationale qui s'avère encore en grande partie inachevée.



[1] Simón Bolívar, Escritos políticos (Madrid : Alianza Editorial, 1982), p. 96.

[2] Ibid.

[3] Ruggiero Romano,  Algunas consideraciones alrededor de la Nación, Estado (y Libertad) en Europe y América Centro-Meridional , dans : Antonio Annino et al., América Latina : del Estado Colonial al Estado Nación, 1750-1940 (Turin : Franco Angeli, 1987) t.1, p.4.

[4] Ernest Gellner, Nations and Nationalism (Ithaca : Cornell University Press, 1992), 150 p. ; Benedict Anderson, Imagined communities : reflections on the origins and spread of nationalism (London/New York : Verso, 1991), 224 p. ; Eric J. Hobsbawn et Terence Ranger (Eds.), The invention of tradition (Cambridge : Cambridge University Press, 1992), 320 p. ; Eric J. Hobsbawn, Nations and Nationalism since 1870 (Cambridge : Cambridge University Press, 1995), 206 p..

[5] Antonello Gerbi, La disputa de Nuevo Mundo (México : Fondo de Cultura Económica, 1982 ). L'édition originale italienne date de 1955.

[6] En 1830, selon les estimations, la population du sous-continent ne totalise qu'environ 20 millions d'habitants. Voir Nicolás Sánchez Albornoz, La población de América Latina desde los tiempos precolombinos al año 2000 (Madrid : Alianza-Universidad, 1976).

[7] Rogelio Pérez Perdomo,  La organización del Estado en el siglo XIX (1830-1899) , Conférence présentée dans le cadre d'un séminaire de l'Instituto de Estudios de Administración (IESA), Caracas, 1987, p. 29-30.

 

[8] Malcolm Deas, Del Poder y la Gramática (Bogotá : Tercer Mundo Editores, 1993). Voir, en particulier, l'essai intitulé  Miguel Antonio Caro y amigos : gramática y poder en Colombia , p. 25-60.

[9] Beatriz González Stephan,  Modernización y disciplinamiento. La formación del ciudadano : del espacio público y privado , dans : Beatriz González Stephan, Javier Lasarte, Graciela Montamdo et María Julia Daroqui (Comps.), Espledores y miserias del siglo XIX. Cultura y sociedad en América Latina (Caracas : Monte Avila Editores/Equinoccio, 1995), p. 448.

[10] Manuel Antonio Carreño, Manual de Urbanidad y Buenas Maneras (Paris : Garnier Hermanos, 1924), p. 40.

[11] Ernest Renan,  Qu'est-ce qu'une nation ?  (Paris : Agora/Presses Pocket, 1992), p. 54-55 [Édition originale, 1882.]

[12] Juan Esté, Lecciones primarias de la Historia de Venezuela dispuestas para los niños (Caracas : Imprenta de Tomás Antero, 1858), p.i-ii.

[13] Plinio Ordóñez, Historia de la educación pública en el Estado de Nuevo León, 1592-1942 (Monterrey, 1942-1945), tome 1, p. 26, cité dans : Josefina Vázquez, Nacionalismo y Educación en México (México : El Colegio de México, 1975), , p. 43-44.

[14] Voir : Nikita Harwich Vallenilla,  La Historia Patria , dans : Antonio Annino, Luis Castro Leiva et François-Xavier Guerra (Eds.), De los Imperios a las Naciones : Iberoamérica (Zaragoza : IberCaja, 1994), p. 427-437.

[15] Selon l'expression de l'historien colombien Germán Colmenares, Las convenciones contra la cultura. Ensayos sobre la historiografía hispanoamericana del siglo XIX (Bogotá : Tercer Mundo, 1987), p. 26.

[16] Cité dans : Vázquez, op. cit., p. 47.

[17] Voir Harwich Vallenilla,  La Historia Patria , op.cit.

[18] Justo Sierra, Obras completas (México : UNAM, 1948), tome V, p. 339.

[19] Felipe Tejera, Manuel de Historie de Venezuela para el uso de las escuelas y colegios (Caracas : Imprenta Federal, 1875), Introduction, Chapitre I, paragraphe 5.

[20] Manuel María Urbaneja, Catecismo de Historia de Venezuela (Caracas : Imprenta de George Corser, 1865), p. 70.

[21] Antonia Esteller, Catecismo de Historia de Venezuela (Caracas : Imprenta Editorial, 1885), p. 55.

[22] Voir : Nikita Harwich Vallenilla,  Honneurs funèbres et identité nationale : le cas du Venezuela au XIXème siècle  dans : Olivier Dumoulin et Françoise Thélamon (Eds.), Autour des morts. Mémoire et Identité (Rouen : Presses Universitaires de Rouen, 2001), p. 167-175.

[23] Voir : Rainer Riemenschneider (Ed.), Images d'une Révolution (Frankfurt/Paris : Verlag Moritz/L'Harmattan, 1994).

[24] William Elleroy Curtis, The Capitals of Spanish America (New York : Praeger Reprints, 1969). [Édition originale, 1888], p. 465.

[25] Hiram Bingham, The Journal of an Expedition across Venezuela and Colombia 1906-1907 (London : T. Fisher Unwin, 1909), p. 248.

[26] Theodore Hassaurek, Four years among Spanish Americans (New York : Hurd & Houghton, 1868), p. 104.

[27] Jenny de Tallenay, Souvenirs du Venezuela (Paris : Plon, 1884), p. 84-85.

[28] Richard M. Morse,  Trends and Patterns of Latin American Urbanization, 1750-1920 , Comparative Studies in Society and History, vol. 16, 1974, p. 428-429.

[29] Laureano Vallenilla Lanz,  Prólogo  dans : Juvenal Anzola, De Caracas a San Cristóbal (Caracas : Tipografía de El Cojo, 1913), p. XV-XVI.

[30] Victor Bulmer-Thomas, The Economic History of Latin America since Independence (Cambridge : Cambridge University Press, 1994), p. 107.

[31] Voir : Nikita Harwich,  L'industrialisation des Amériques latines , Historiens et Géographes, n° 374, p. 255.

[32] Nom donné au régime du Président Porfirio Díaz.

[33] Pour tout ce qui précède, voir : Harwich,  L'industrialisation... , op. cit., p. 255-258.

[34]  Pour que l'Anglais puisse la voir .

[35] Bulmer-Thomas, op. cit., p. 137.

[36] Paul Bairoch, Mythes et paradoxes de l'histoire économique (Paris : La Découverte, 1994), p. 127.

[37] Voir : Javier Pérez Siller (Coord.) La  Découverte  de l'Amérique (Paris : L'Harmattan/Georg-Eckert Institut, 1992), p. 19-62.



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